« Ces photographies ont été réalisées entre décembre et février 2011 au sein de 12 exploitations pour valoriser l'ensemble de la filière agricole, à travers 12 portraits, toute activité confondue.

Les images ont été réalisées dans le rythme d'une journée, car le métier d'agriculteur ne permet pas de prendre des heures et des heures pour prendre la "pause". Veaux, vaches, cochons restent encore hermétiques au concept de communication qui les priveraient d'un repas ou d'un soin, au nom de la valorisation d'un métier. Pour un photographe, ce type de contrainte permet l'immersion, l'approche spontanée et naturelle du modèle d'un jour. Pas plus d'une demi-journée par exploitation. Des clichés en rafales pour saisir une expression, un sourire, une vérité. C'est ainsi que l'on favorise un regard très direct qui ne dénature pas le sujet ni la cause.

 Cette exposition est aussi pour moi un pari, celui de révéler ce que capte mon regard instinctif aiguisé depuis longtemps par mon activité de photographe tout terrain. Il faut savoir donner la bonne couleur à l'actualité quand on travaille pour la presse écrite (Le Parisien, L'Express, Le Nouvel Obs....), traduire avec précision les messages véhiculés dans des magazines institutionnels (Région Bretagne, Conseil Général du Finistère, Mairie de Brest,....) ou des supports de communication d'entreprises (DCNS, Chronopost,Veolia, Lafarge .....) pour enfin saisir la ferveur ou l'émotion d'une foule comme d'un anonyme plongé au coeur d'un événementiel (Brest 2008, Festival des Vieilles Charrues ...). Car pour tout cela, il y a un dénominateur commun qui pose le fil rouge de tous les clichés que mon œil compose : l'humain. Peu importe le lieu, peu importe le temps, ce qui m'intéresse dans toute photographie, c'est d'y faire jaillir l'humanité de l'instant.

 Pour cette exposition, mon appétit pour le vivant fut rassasié tant le métier d'agriculteur est soumis au rythme de la vie. Le partie pris fut de choisir 10 images par exploitation pour tenter de résumer le travail de l'agriculteur dans toutes les phases de son métier ; essayer de dégager le rapport entre l'agriculteur et sa production ; de se focaliser sur certains détails que d'habitude on ne prend pas le temps de regarder.

Ainsi pour chaque photo d'un agriculteur avec son parrain, l'idée était d'adopter le même schéma. L'un à côté de l'autre, posant fièrement. Je n’ai pas voulu trop mettre en scène ces images, laissant plutôt la complicité s'installer tranquillement entre chaque duo.

Je n'ai rencontré que des gens passionnés par leur travail, ayant un rapport avec l'environnement très fort et une envie sincère de produire une agriculture de qualité.

Je remercie les Jeunes agriculteurs de Bretagne de m'avoir fait confiance et tous mes modèles de m'avoir livré, le temps d'un cliché, une petite parcelle de leur humanité... »